CRITIQUES DE LIVRES

LE BRUIT DE LA CHUTE

Joe SIMPSON

(Glénat 2012)

 

L'homme bivouaque avec son épouse - dont il est éperdument amoureux - sur une vire étroite, mal protégée par un mauvais surplomb. En dessous, une longue pente de glace vive, se terminant dans la rimaye béante. Au-dessus, une paroi rocheuse incrustée de glace et de neige. C'est l'hiver. Les journées sont courtes, et le froid intense. Pourtant, les deux alpinistes sont optimistes : ils sont très expérimentés, et ont emporté tout le matériel nécessaire à leur survie. Et ils ont passé plus d'une heure à emménager soigneusement leur vire et leurs points d'ancrage.

Mais le temps se gâte. Le foehn souffle de plus en plus fort, et menace de les arracher de leur perchoir. L'homme a l'expérience de ces tempêtes, il sait que le vent soufflera encore plus fort, avant de diminuer d'intensité. La situation devient critique.

La femme éprouve le besoin de se soulager. Elle ne risque rien : elle sait qu'une sangle la relie au cable de sécurité. Le vent la déséquilibre, elle glisse et se rend alors compte que son mousqueton n'est pas refermé sur la sangle... La chute est inévitable...

Le choc est insupportable pour l'homme, qui aime profondément son épouse. Seul maintenant, il doit trouver le moyen de sortir de la paroi. Une avalanche le prive d'une partie de son matériel : il ne pourra descendre en rappel. Il s'échappera pourtant, après bien des difficultés...

25 ans plus tard, l'homme - dont on sait maintenant qu'il s'appelle Patrick - assure bénévolement la garde du refuge situé en bordure de la face. Ce refuge n'est qu'un abri sommaire, peu fréquenté, qu'il a aménagé au minimum pour pouvoir y survivre. Mais, au moins, il est tout près de l'endroit où la femme est tombée...

Un alpiniste solitaire passe au refuge, se dirigeant vers le sommet par une voie assez facile. Il meurt à la descente, d'une rupture d'anévrisme. Des guides de passage ramènent son corps au refuge, où il restera jusqu'à ce qu'on puisse venir le chercher pour le descendre dans la vallée : une tempête se prépare.

Un couple arrive alors, descendant également du sommet. Cassie, la femme, est à la limite de l'hypothermie. Patrick lui sauve la vie, pendant que Callum, l'homme, redescend dans la vallée. Une tempête aussi forte que celle de 25 ans auparavant détruit partiellement le refuge, dans lequel sont réfugiés Patrick et Cassie...

Les phrases sont courtes, le style direct et imagé. Merci au traducteur qui a bien su transmettre les intentions de l'auteur.

Mais, malgré la description d'une extraordinaire aurore boréale (très rare à ces latitudes : nous sommes dans les Alpes), et quelques allusions à la beauté des montagnes - non identifiées - ce roman est un récit tragique, analysé dans les moindres détails - parfois très très macabres...


Daniel MASSE .

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