CRITIQUES DE LIVRES

UNE FEMME ET LA MONTAGNE

 

 

par Marie-Louise Plovier-Chapelle.

Flammarion, éditeur à Paris. Collection L'Aventure Vécue.

220 pages de texte, 16 pages d'illustrations

(Revue " La Montagne" - No 369, 1954)

 

Lorsqu'une femme; écrivain amateur, entreprend d'écrire ses souvenirs et les dédie à ses enfants et petits-enfants, on peut s'attendre à des récits sentimentaux et à la description détaillée d'incidents touchants, bref un monument de niaiserie.

Mais le livre de Madame Plovier-Chapelle vous surprend par la manifestation d'une passion profonde pour la montagne, exprimée sous la forme de récits simples et souvent amusants. Certaines descriptions de paysages vous charment. Ses souvenirs de l'été 1944 à la Grave intéressent et même émeuvent le lecteur. On finit par connaître son caractère tenace et par admirer son endurance et sa bonne humeur si souvent mise à l'épreuve par son guide Frendo. On regrette que Madame Plovier-Chapelle ne nous fasse pas mieux connaître les personnages qui l'entourent, mais on devine au moins que ce cher Frendo est un ours sympathique et gourmand, qui mène la vie dure à ses clientes : insensible aux larmes, il leur laisse le soin de porter les charges monstrueuses qu'exige son appétit dévorant, les abandonne à leur sort dans les passages faciles, et les sort de préférence les pieds en l'air des situations critiques.

Madame Plovier-Chapelle supporte tout cela avec un délicieux mélange de bravoure et d'inconscience, dont l'exemple a sans aucun doute profondément impressionné sa progéniture. On conçoit mal, dans ces conditions, que cette force de la nature qu'est Madame Plovier-Chapelle ait eu besoin d'écrire ce livre pour rappeler à ses enfants et petits-enfants qu'elle "n'a pas toujours été une vieille chose".

Le ton du livre est alerte. Avec une modestie touchante, l'auteur a choisi les photographies qui mettent le moins en valeur sa compétence alpine, et l'éditeur a trouvé le moyen d'intervertir les légendes.

Karin Tessier du Cros