CRITIQUES DE LIVRES

Le DUC DES ABRUZZES, gentleman explorateur

The DUKE OF THE ABRUZZI. An explorer's life

par Mirella TENDERINI et Michael SHANDRICK

( The Mountaineers 1997 - Ed. Guérin 2009 )

Ce livre a été publié en anglais en 1997, et c'est cette version que j'ai lue.

Une traduction française a maintenant été publiée par les Editions Guérin, en 2009.

C'est la biographie d'un homme qui aurait certainement mérité de figuer parmi les "alpinistes extraordinaires" de Sylvain Jouty...


Tous ceux qui s'intéressent à l'himalayisme connaissent l'arête des Abruzzes, considérée comme la "voie normale" du K2, deuxième sommet du monde, bien plus difficile que l'Everest. Quel rapport entre cette montagne et une région d'Italie, culminant à moins de 3000 mètres ? En fait, c'est le Duc des Abruzzes qui a donné son nom à cette arête. Encore un diplomate, ou peut-être un géographe ? Pas du tout : un véritable alpiniste, un explorateur, un précurseur.

Luigi-Amadeo di Savoia-Aosta, Duc des Abruzzes est né à Madrid en 1973 : son père, italien, était alors roi d'Espagne, mais il a abdiqué quelques jours après la naissance de Luigi-Amadeo, qui est alors allé vivre à Turin. Vivant à proximité des Alpes, il prend goût à l'alpinisme, et fait de nombreuses ascensions considérées maintenant comme assez faciles. Officier de marine, il parcourt les mers, et ça lui donne des idées. Quand on est fils de roi, on a tout de même quelques facilités pour trouver des financements, et on a sans doute un peu de temps libre. Ça tombe bien : Luigi-Amadeo a l'âme d'un explorateur.

Ayant grimpé avec Mummery, il est choqué par la disparition de celui-ci au Nanga Parbat, et décide de relever le défit, et de tenter à son tour le Nanga Parbat. Mais l'Inde interdit alors tout accès à cette région. Il a une autre idée : lors d'un voyage, il a entendu parler du Mont Saint-Elias, au Canada. Près de 5500 m d'altitude, tout de même : le troisième sommet d'Amérique du Nord, après le Denali et le Mont Logan. Personne n'a encore réussi à monter au sommet : pourquoi ne pas essayer ? Il monte une expédition sur cette montagne paraissant bien difficile d'accès, et arrive au sommet, en 1897 : il avait 24 ans. Il a emmené avec lui un photographe dont les images restent encore aujourd'hui une référence : Vittorio Sella. Celui-ci accompagnera le Duc dans presque toutes ses expéditions.

Luigi-Amadeo a donc pris goût aux explorations : il tente le Pôle Nord, que personne n'est encore parvenu à atteindre. Il échoue également. L'Italie a alors une colonie en Afrique : l'Ethiopie. Non loin se trouve une chaine de montagnes fort hautes, d'accès très difficile, et qui serait peut-être la source du Nil : le Ruwenzori, les Montagnes de la Lune. Quel bel objectif ! Il explore ce massif en 1906, et réussit l'ascension des 14 sommets principaux, tous d'altitude supérieure à 4500 m. Belle réussite !

En 1909, il tente le K2, où il abandonne à 6600 m. Il tente alors le Chogolisa voisin, et atteint l'altitude record de 7498 mètres. Pas mal, à cette date ! Ce record ne sera battu qu'en 1922, lors d'une expédition anglaise sur l'Everest.

Une histoire passionnante, vous dis-je !

 

Daniel MASSE .

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