CRITIQUES DE LIVRES

L'AVALANCHE

par Jacques Boell.

Fernand Lanore, Paris..

(Revue " Montagne et Alpinisme" - N°1, 1974)

 

 

Jacques Boell, bien connu comme alpiniste et auteur, a choisi de nouveau d'écrire des nouvelles, dont l'art est plus subtil que celui du roman fleuve car il y faut soutenir en peu de lignes le cadre, l'action, ses péripéties et le "suspense" final ; de plus chacune d'entre elles doit diversifier l'intérêt. Disons tout de suite que, dans un style excellent, il y a réussi pleinement.

Il n'est pas possible, sans déflorer le livre, de donner une analyse des sept nouvelles traitées, énumérer leurs titres ne servirait à rien, mais une fois ouvert il retient, comme la crevasse, le lecteur jusqu'au bout.

Ce ne sont pas heureusement des récits de courses, mais ils sont alpins : romancés ou authentiques, mystérieux, dramatiques, héroïques ou truculents, tous ont la montagne non pas comme toile de fond, mais comme partie intégrante car ils ne seraient pas sans elle ; c'est la montagne vraie, minérale, impassible, ignorant l'homme qui l'affronte, ni farouche, ni vindicative, ni aimable.

 

L'homme n'y est ni vainqueur ni vaincu, il y rencontre ce qu'il apporte : la lutte contre lui même et y trouve ensuite la joie ou le deuil.

Les sentiments du montagnard, prisonnier de sa passion, y sont narrés avec finesse ; presque toutes tragiques, ces nouvelles montrent la lourde note à payer. Toutefois, Jacques a voulu dans les quelques pages finales prouver que, par quatre fois "la montagne n'a pas été cruelle" envers lui. C'est son opinion, j'estime plutôt qu'il a eu beaucoup de chance, cela m'est aussi arrivé. De cette chance nous profitons aujourd'hui car elle a permis ce livre.

Une belle couverture et deux dessins dépouillés de John Durdilly, une figure de la Maurienne, s'incorporent heureusement à l'ambiance.

Pierre HENRY.

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