CRITIQUES DE LIVRES

MON BONHEUR SUR LES CIMES

par Mireille MARKS.

(Ed. Denoël, Paris. 1981)

(Revue " La Montagne et Alpinisme" - No 125, 1981)

 

Un livre qui vous captive dès l'ouverture et dont vous lisez le premier chapitre d'un trait, sans vous apercevoir qu'il ne contient pas le moindre événement sensationnel pour en soutenir la narration, un tel livre ne peut être signé que par un écrivain de sang.

Les lecteurs de La Montagne et Alpinisme ne s'étonneront pas que ce soit le cas de Mireille Marks, eux qui ont eu déjà l'occasion d'apprécier dans nos colonnes sa prose qu'enrichissent des curiosités diverses. Dans son livre Mon bonheur sur les cimes elle nous raconte sa découverte de l'alpinisme, depuis l'éveil de sa passion jusqu'aux aventures limites sur les parois de l'Oisans, en passant par sa première école d'escalade, sa première course rocheuse, etc.

 

Ce récit en quatorze épisodes, dont le style associe un brin de rouerie à une naïveté gamine, nous fait frémir à suivre, depuis notre fauteuil, la trajectoire adoptée par Mireille Marks pour devenir une alpiniste de qualité. Mais à l'émotion première que suscitent ces pages s'ajoute une remise en question des principes mêmes de la littérature montagnarde. L'effervescente richesse d'observations qui illumine le début de ce livre s'évapore quelque peu à mesure que l'auteur devient alpiniste. Le bonheur d'écriture de Mireille Marks se fane un tantinet tandis que le récit se fait plus technique. Si je ne craignais d'être accusé de sexisme à rebours, j'avancerais que le récit de Mireille Marks s'appauvrit en se virilisant. Ah! si elle avait osé rester elle même d'un bout à l'autre de son livre ! Quoi qu'il en soit, ces pages donnent un espoir. Le genre "souvenirs d'un montagnard" devenu à ce point répétitif qu'on le croirait agonisant commence à trouver une deuxième fécondité avec les récits au féminin. A cet égard, l'ouvrage de Mireille Marks prend incontestablement date.

Pierre MINVIELLE.

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