CRITIQUES DE LIVRES

CIMES ET MERVEILLES

par Samivel.

Arthaud, Paris. Grenoble. Coll. " Belles pages, belles couleurs ".

(Revue " Montagne et Alpinisme" - N°4, 1975)

 

 

Revoici le Samivel que chacun de nous connaît amoureux de la montagne, poète et humoriste, ardent défenseur d'un milieu naturel que depuis des années il a vu céder sous la poussée des foules d'alpinistes et de touristes.

Cet ouvrage est un très bel album sur la montagne. Sur toute la montagne et non pas seulement sur le domaine que l'alpiniste s'y est réservé. Les images de très bonne qualité nous font vivre sur les pentes des hauts pays d'un hiver à l'autre, en suivant le passage de toutes les saisons. Hommes et animaux, plantes et minéraux finissent par construire un univers multiple et captivant dont l'évocation suggérera, espérons le, à l'alpiniste de ne le traverser que sur la pointe des pieds.

Des textes de Samivel, au nombre de trois, aucun n'est inédit. A une époque où la défense de la nature est devenue une préoccupation majeure, ils gardent pourtant toute leur actualité. Depuis 1953, année de parution du premier Cimes et Merveilles, si bien des problèmes ont été mieux définis et parfois résolus, d'autres continuent de se poser, parfois de manière dramatique. II est bon que l'écrivain Samivel redise ce que certains pensent pouvoir oublier, et le redise avec le style et les mots qui ont fait de lui un des principaux auteurs montagnards. Quand on connaît les difficultés que rencontrent de plus en plus les écologistes on comprend que Samivel ait voulu, une fois encore, élever la voix.

 

On peut cependant aussi considérer ce livre non plus dans le cadre de la défense de la nature, mais dans celui du livre de montagne. Et de dire que lorsqu'on ressort les vieux habits, aussi beaux soient-ils, c'est que la mode d'aujourd'hui ne satisfait plus guère. Tout le monde se réjouira bien sûr de retrouver un titre épuisé dont on savait qu'il cachait des merveilles, mais manque-t on de textes neufs au point d'avoir à rééditer? Ou bien l'alpiniste moyen n'aime t il pas les nouveautés et préfère t il relire à jamais les mêmes pages? Les dernières parutions en matière d'alpinisme laissent un peu penser que le livre de montagne, enlisé dans des genres aujourd'hui trop exploités, se tourne vers le passé. Peut être est ce la faute des alpinistes effrayés par l'envahissement de leur domaine.

C'est dommage ! Le rôle des livres ne devrait-il pas être de susciter, de construire le nouvel alpinisme.

Jean RÉVARD.

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