CRITIQUES DE LIVRES

COOLIDGE EN DAUPHINE

Par W.A.B. COOLIDGE
Textes choisis par René Siestrunck et illustrés par Christian Burdet

(Editions Alpage 2009)

 

Que l'on gravisse un sommet, ou bien tout simplement que l'on traverse un col en Oisans, quand on consulte le guide, on lit très souvent qu'un certain William Augustus Brevoort Coolidge en a fait la première ascension, ou la première traversée.

Ce nom a même été donné à un superbe belvédère, facile et très fréquenté, entre les Ecrins et l'Ailefroide.

Et si l'on est un peu familier avec l'histoire des montagnes, on sait que cet américain a très souvent grimpé avec sa tante - Miss Brevoort - et son chien Tschingel, dont on dit que bien peu d'hommes ont fait autant de premières que lui...


Mais c'est pas le tout, d'être le premier en haut d'une montagne ou à franchir un col : encore faut-il le faire savoir ! Aussi construisait-on sur le point le plus haut un tas de cailloux (ce n'est pas ce qui manque en Oisans !), que l'on n'appelait pas encore "cairn", mais "homme de pierre". Et, bien entendu, on glissait dans une fente sa carte de visite, pour ne laisser aucun doute sur l'identité du premier ascensioniste.

Et comment le faire savoir à ceux qui n'iraient pas visiter ce sommet ou ce col ? En écrivant un article dans une revue, pardi ! Coolidge en a beaucoup écrit - ainsi que des guides et des livres.

René Siestrunck a eu l'excellente idée de réunir dans ce volume quelques-uns de ces articles, publiés dans l'Annuaire de la Société des Touristes du Dauphiné. Coolidge y décrit quelques unes de ses randonnées incroyables, réalisées entre 1875 et 1895, et lors desquelles il a exploré systématiquement tous les sommets encore vierges et tous les passages possibles entre les vallées de l'Oisans. Il le faisait pour être le premier, bien entendu, mais aussi parce qu'il aimait profondément ce massif encore très sauvage et fort peu fréquenté. Très précis (un peu maniaque ?), il informe celui qui sera tenté de le suivre du tracé exact de son parcours, ainsi que du temps qu'il a mis pour l'accomplir, mais sans jamais oublier d'admirer les paysages qu'il découvre, et dont il ne se lasse jamais.

A moins qu'il ne soit très familier avec le massif de l'Oisans, il est tout de même conseillé au lecteur de se munir d'une bonne carte (de préférence en relief) pour suivre les itinéraires décrits... On constatera que les distances ne lui faisaient pas peur...

Christian Burdet, l'iconographe de cet ouvrage, a retrouvé quelques belles illustrations et documents de l'époque, et, surtout, les a complétés par de superbes aquarelles dont il est l'auteur : elles ajoutent beaucoup à l'ouvrage. Je n'ai qu'un regret : qu'il y en ait un plus grand nombre...

Un ouvrage indispensable à tous les amoureux de l'Oisans...


Daniel MASSE .

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