CRITIQUES DE LIVRES

EVEREST 74, le rendez vous du ciel

par Christian MOLLIER.

Flammarion, coll. "L'Aventure vécue ".

(Revue " Montagne et Alpinisme" - N°4, 1975)

 

 

Le livre refermé, le lecteur restera certainement sur une assez bonne impression. La deuxième moitié de l'ouvrage est incontestablement la meilleure, à la fois par le fond et par la forme.

La première partie du livre n'est en effet qu'un récit d'expédition très traditionnel, qui, s'il a encore sa place dans une plaquette, ne peut plus constituer un livre. Vingt-cinq ans ont passé depuis l'Annapurna ; on est en droit maintenant d'attendre autre chose dans un livre. En fonction de ses lectures antérieures, le lecteur pourra donc éviter successivement : un bref curriculum vitae des membres de l'expédition, un court exposé sur la naissance de leur vocation de guide, la préparation, le voyage, la marche d'approche, l'installation du camp de base, l'attaque.

La deuxième partie commence avec l'installation du camp II. Dans cette phase, le lecteur averti attend l'avalanche. L'auteur continue à donner des détails techniques sur les hauteurs de précipitations, sur l'état de la neige et, par touches discrètes, parvient à créer une atmosphère angoissante. L'avalanche est racontée naturellement sans rompre la continuité du récit et l'accident est décrit sans emphase. Si le drame est considérable, six morts, l'auteur le raconte avec sobriété et cette pudeur est tout à son honneur.

 

La mort de Gérard Devouassoux n'est pas privilégiée par rapport à celle des sherpas. Tous sont des amants de la montagne et l'on est heureux d'apprendre que les membres de l'expédition sont venus témoigner leur sympathie à chacune des familles endeuillées ; le récit de ce dernier voyage en pays népalais donne droit à de belles pages sur la vie des sherpas et sur leurs rites religieux. Le matraquage publicitaire qui avait entouré la préparation et le voyage de l'expédition avait été des plus déplaisants. Le livre de Christian Mollier reste, par contre, très digne et redonne tout son crédit à cette entreprise. Non, ce ne sont pas des hommes d'affaires qui sont allés à l'Everest, mais des gens qui aiment la montagne. Les communiqués de presse en faisaient douter.

Ajoutons que les photos de Tairraz sont très belles. On regrette qu'elles ne soient pas plus nombreuses et plus grandes. Il aurait été peut être préférable d'adopter un format 18 x 24 cm, en associant le texte de Mollier de la deuxième partie à des photos de Tairraz plus nombreuses, et en résumant les informations du début du livre dans un appendice.

Guy LUCAZEAU.

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