CRITIQUES DE LIVRES

LE VERSANT DU SOLEIL

 

 

 

par Roger FRISON-ROCHE (Ed. Flammarion, Paris. 1981).

(Revue " La Montagne et Alpinisme " - No 3, 1982)

 

C'est un passionnant livre d'aventure, c'est une autobiographie, où l'auteur est un excellent journaliste (peut-être un peu trop !), or, les journalistes sont grands parce que marqués du destin pour que les événements se déroulent en beauté sous leurs yeux et qu'ils aient le talent de les raconter, alors que le non-élu ne peut que noter les faits qu'il observe dans la grisaille quotidienne de la vie ; ici nous avons un roman vécu sous les chaudes et rutilantes colorations du " versant du soleil ". Autobiographie mélange d'Histoire et d'histoires, récits dont chaque facette étincelle de vie et nous mène, des souvenirs enfantins des vallées savoyardes, alors presque perdues, aux exploits du guide chamoniard qui me permettent de retrouver avec lui mes souvenirs de jadis et l'ombre de mes camarades, car avec l'âge "on rencontre en montagne plus de morts que de vivants". Viennent ensuite le correspondant de guerre et le maquisard aux paroles émues sous le feu, l'explorateur, de l'équateur au pôle (ou presque), avec des moyens de locomotion parfois peu orthodoxes. Tout cela résumé au dos du livre : "C'est l'histoire d'un homme qu'un infatigable goût de l'action et un fervent besoin de comprendre vont entraîner dans toutes les aventures"

Tout est raconté avec verve, sans trace d'humilité, avec un peu d'égocentrisme et même d'autosatisfaction, ce qui en augmente la véracité, et qu'on a depuis longtemps pardonné à Chateaubriand. Certaines digressions semblent parfois assez distantes du sujet principal, mais leur intérêt sert de lien au récit.

Je noterai toutefois de légères erreurs, par exemple page 150 où Henri et Joseph Vallot sont cousins et non frères et un mélange page 154 d'argot et de latin : Nib nove sub sole.

C'est un livre qu'il faut lire ; on dit souvent, en éloge, qu'un livre commencé ne peut être fermé qu'une fois fini, ici il y a tout de même 650 pages en caractères normaux et j'estime qu'une lecture morcelée accroît son charme en permettant de le savourer plus longtemps.

Pierre HENRY