CRITIQUES DE LIVRES

ESCALADES ET RANDONNÉES AU HOGGAR ET DANS LES TASSILIS

par Bernard PIERRE et Claude AULARD

( Éd. Arthaud, Paris. 1985 )

(Revue " Montagne et Alpinisme" N°2 - 1986)

Le Sahara algérien est certainement une des destinations les plus appréciées dans le domaine du voyage à vocation sportive.

Le guide des escalades du Hoggar étant depuis longtemps introuvable, la parution d'un frère cadet ne pourra être accueillie que favorablement, même si celui-ci ne répond que partiellement à notre attente. Car si le titre est prometteur, l'ouvrage souffre en revanche de faiblesses difficilement admissibles.

On ne peut, en effet, que rester sceptique devant l'aspect hétéroclite de l'ensemble, qui mêle des descriptions techniques à des chapitres de culture générale ou bien encore à des souvenirs personnels d'un intérêt limité dans ce genre de publication.


On lui reprochera ensuite de réduire la part consacrée aux Tassilis à un peu moins que la portion congrue à peine une dizaine de pages, escalade et randonnée tout compris. Le voyageur en partance vers ces régions sera bien inspiré en recherchant d'autres sources d'informations. Parlons à présent de l'escalade, dont les adeptes sont traités avec une certaine désinvolture si l'on compare cet ouvrage à son aîné, car on y cherchera vainement la trace d'un travail original : le guide se contente de reprendre une partie des anciens croquis (qui, soit dit en passant, souffrent parfois terriblement de la reproduction) en rajoutant par-ci, par­là quelques tracés (pas toujours très précis) de voies plus récentes ; pour faire bonne mesure, il en emprunte quelques autres à diverses revues, et les tentatives d'actualisation s'arrêtent là. Plus grave, des itinéraires signalés, et parfois même chaleureusement recommandés, ne font l'objet ni de description ni de croquis même des plus sommaires : ainsi la voie Terray à l'Iharen n'est nulle part située ; on ne sait même pas sur quelle face de l'Aouknet se déroule la voie de la grotte à mouflons, dont on se contente de nous dire qu'elle est la plus belle de l'Atakor ; quant à l'Ilaman, on vous situe la face sud mais vous devrez vous débrouiller sur place pour trouver le cheminement. Certes, les auteurs ont pris la précaution tout à fait oratoire de prévenir les éventuels utilisateurs, mais il est regrettable qu'une fois en possession de l'ouvrage, ceux-ci soient encore contraints de se livrer à de laborieuses recherches, y compris parfois dans l'ancien topo !... Ajoutons à cela que dix ans après la libération de l'escalade on aurait pu nous épargner l'image d'un grimpeur ligoté à un passage d'artif qui n'eût pas manqué d'impressionner les foules dans les années cinquante. Les autres (rares) photos d'escalade sont d'un autre âge et achèvent de donner un aspect poussiéreux à l'ensemble.

Certes, en l'absence de concurrent l'ouvrage reste vendable, mais il n'en demeure pas moins que le Vallot du Hoggar est encore à écrire.

Cependant, et en dépit de ces critiques qui pourront paraître sévères, il faut reconnaître que les quelques pages consacrées à la randonnée sont loin d'être dénuées d'intérêt. De plus, et cela peut suffire à justifier l'acquisition du livre, le chapitre consacré aux massifs annexes nous invite à découvrir des régions dont nous ne soupçonnions même pas l'existence. En somme les auteurs ont produit là une sorte de rhapsodie. Regrettons qu'ils n'aient pas consacré davantage de soins à l'actualisation et à la mise en forme d'un ouvrage qui tel quel laisse une impression d'inachevé.


Claude AIGON .

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