CRITIQUES DE LIVRES

LA MONTAGNE ET L'HOMME

 

 

par Georges Sonnier

Albin Michel, Paris

(Revue " La Montagne et Alpinisme" - No 80, Décembre 1970)

Il est évidemment impossible de faire tenir en un livre de trois cents pages l'ensemble de l'histoire des relations de l'homme avec la montagne. L'auteur a donc dû faire, un choix et nous regrettons que Georges Sonqier à qui nous devons Un médecin de montagne ait cru devoir se limiter, pour ainsi dire, à l'énumération des faits. La première ascension du Mont Aiguille, celle du Mont Blanc, celle du Cervin ont été si souvent décrites qu'il n'y a plus rien à en apprendre ni à en déduire.

A notre sens un tel ouvrage devrait dégager les conséquences de l'état actuel de "l'exploitation" des Alpes car les autres montagnes du monde ne posent pas encore de problèmes, étant encore au stade bienheureux de "l'exploration".

L'alpinisme est encore à peu près uniquement une affaire d'Européen, ce qui a pour conséquence de placer les Alpes au point de saturation. Le livre de Georges Sonnier en porte témoignage, les Alpes y occupant de loin la place principale. Personne n'a encore abordé franchement les conséquences de leur surpopulation et plutôt que de redire leur "conquête" nous aurions aimé que l'auteur de Où règne la lumière nous expose son point de vue.

L'alpiniste moderne est bien plus le fils des grands explorateurs du XVIème siècle que des premiers ascensionnistes de la Rochemelon ou du Mont Aiguille, mais il n'y a plus rien à explorer et l'emploi des moyens artificiels qui, dès leur apparition, fit comprendre aux meilleurs que désormais tout, dans les Alpes, pourrait être gravi, pose entre autres l'alternative du suréquipement ou du déséquipement.

Sans doute Georges Sonnier a t il voulu se limiter à ce qu'il savait par expérience personnelle, mais il pouvait enquêter et interroger.

Nous restons donc sur notre faim et sommes sûrs qu'après cet inventaire très bien édité et illustré, l'auteur nous dira bientôt la philosophie qu'il pense devoir en déduire.

Alain de CHATELLUS.