CRITIQUES DE LIVRES

LE MAROC
(Coll. 100 Plus Belles Courses et randonnées)

par Bernard DOMENECH

( Ed. Denoël, Paris. 1989 )

(Revue " Montagne et Alpinisme" N°3 - 1989)

Étant donné l'engouement actuel pour les montagnes marocaines, la parution d'un tel ouvrage s'avérait inéluctable. Encore fallait-il donner d'une chaîne aussi vaste et complexe une image susceptible de satisfaire un public diversifié : simples trekkeurs, randonneurs affûtés, grimpeurs de haut niveau, kayakistes, skieurs moyens ou de l'extréme... tous devaient pouvoir y trouver leur bonheur. Or, ce pari difficile, Bernard Domenech l'a parfaitement réussi. Fruit d'une longue communion avec le Haut-Atlas, cet ouvrage superbement présenté comblera aussi bien les habitués du Maroc que ceux qui aspirent à le connaître.


En bonne place on trouve des randonnées tranquilles (Seksawa, Yagour, Ourika), voire plus ambitieuses (Demnat-Tillouguite, environs de Zaouia Ahansal, Ayachi-Maouffoud) ; des classiques à skis, ainsi que des descentes de couloir du massif du Toubkal ; des raids pointus du style Tifnout - Tachdirt, Imi n'Ou­laoun - Tabant, ou Rhat/Ti­gnousti; les ascensions les plus recherchées des environs de Zaouia Ahansal que l'auteur a fréquentés assidûment; des descentes de riviére (Asif Melloul, Asif Ahan­sal, N'fiss, Oum er Rbia).

Les itinéraires, décrits de façon sobre mais claire, sont repérés sur des cartes très parlantes, parfois sur des photos. L'iconographie, du reste fort judicieusement dosée entre la couleur et le noir, apporte un complément indispensable aux textes. Bon nombre de ceux-ci, consacrés au vécu quotidien, à l'organisation sociale et à la tradition orale des populations berbères, rédigés dans un style agréable, agrémentent une matière pouvant devenir, par sa nature même, quelque peu aride pour le lecteur profane.

Un petit reproche, toutefois certaines illustrations sont insérées hors de leur contexte géographique immédiat (p. 80-81), et la vue de Magdaz (p. 102-103) représente, en réalité, Ichebakan sur la Tessaout. Mais c'est là bien peu de chose.

On pourrait, également, soulever quelques objections quant au choix des courses; remarquer le peu de place consacré au Haut-Atlas occidental ; s'interroger à propos de l'absence de toute description du Moyen-Atlas, du Rif, du Sarhro, ou de l'Anti­Atlas. Ce serait, cependant, oublier trop vite que l'auteur, ayant voulu laisser planer une part de mystère sur certaines courses, certaines régions, a volontairement évité de tout décrire (p. 54).

En conclusion, ce livre sera un outil performant entre les mains de tout nouveau candidat au voyage atlasien. Le sérieux des descriptions techniques contribuera largement à la préparation des courses envisagées, alors que la qualité des illustrations et des textes ethnographiques fournira à l'amateur d'horizons nouveaux matière à rêver.


Michaël PEYRON.

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