CRITIQUES DE LIVRES

LA MONTAGNE VOLANTE

ROMAN par Christoph RANSMAYR

( Albin Michel 2008 )

Liam est un fanatique de l'escalade, de l'informatique et d'astronomie. Son frère Pad a longtemps été marin, puis il est finalement venu habiter avec Liam sur l'île de Horse Island, au large de l'Irlande, une ile isolée inaccessible quand le temps se gâte. Un peu contre son gré, Pad ouvre avec Liam de nombreuses voies nouvelles d'escalade dans les falaises de l'île.

Leur père, Captain Daddy, est mort maintenant, mais son souvenir est toujours très fort. La lutte de sa vie était celle de l'Irlande contre les anglais.

Sur un écran d'ordinateur, Liam repère une zone blanche, non explorée, dans une partie de la Chine encore interdite aux visiteurs. Il trouve également le témoignage d'un pilote d'avion, qui a aperçu un superbe sommet...

Liam entraine son frère dans une expédition folle, dans l'espoir d'atteindre ce sommet...


Ils doivent déployer des ruses d'espions pour pénétrer dans cette région, et se joignent à une tribu nomade qui recherche des pâturages pour ses yaks. Les nomades connaissent la montagne qu'ils poursuivent, le Phur-Ri, montagne qui est, selon la légende, éphèmère : c'est une Montagne Volante..

"C'est alors, alors seulement, que les montagnes
se posèrent sur les plaines, les déserts, les pâturages
et les savanes, afin d'offrir à cette espèce fragile,
exposée à la neige et à toutes les tempêtes,
un abri contre le vent, de l'herbe pour ses animaux,
des plantes médicinales, de la place pour les feux et les tentes,
protection, espace vital
" (p 145)

Et la légende dit aussi "que les hampes de ces drapeaux de prières étaient
effectivement des
clous, des clous avec lesquels les hommes
devaient fixer au monde l'ourlet de la montagne,
la clouer afin que la montagne reste auprès d'eux, et ne mette
pas à profit les tempêtes, si puissantes que les rochers
eux-mêmes étaient balayés comme flocons de neige,
pour reprendre son essor et se dissiper dans les airs
" (p 144)

Vous l'aurez compris : la grande originalité de ce récit est dans son style, unique. Le texte est découpé en strophes, le style poètique, et cependant les vers ne riment pas. Nul besoin cependant de faire un effort pour se laisser porter par le récit, très fluide. Pad raconte l'histoire à la première personne, une histoire faite de souvenirs, et aussi d'amour, pour son frère et pour Nyema, la jeune femme nomade...

Lire ce livre est un très grand plaisir !

Il ne faut pas oublier de rendre hommage au traducteur, Bernard Kreiss, qui n'a certainement pas eu tâche facile... Le livre est d'ailleurs publié dans la collection "Les Grandes Traductions".

Voir aussi l'excellente analyse de Sophie Deltin - sans doute plus difficile à lire que le roman lui-même !


Daniel MASSE .

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