CRITIQUES DE LIVRES

HISTOIRE DES MONTAGNES

 

 

Ferdinand C. LANE

Arthèrne Fayard, éditeur à Paris. Collection Savoir

305 pages de texte. 28 illustrations

(Revue " La Montagne " - No 366, 1954)

 

Ce livre veut en somme réunir toutes les connaissances actuelles sur les montagnes, depuis leur création jusqu'à leur incidence sur la vie économique et sociale. L'ampleur du sujet représentait une importante difficulté. L'auteur l'a simplement tournée en nous présentant une suite de "digests", et ce livre a le principal défaut des oeuvres de ce genre : il est bourré d'à peu près.

Comment l'analyser ? Le sens critique du lecteur ne résiste pas à cette avalanche de noms, de chiffres où l'auteur fait étalage de son universalité dans un style où la concision le sert pour faire du romantisme de mauvais goût. Tout y est, mais rien n'est précis dans cette laborieuse compilation. Les mystères de la géogénie semblent définitivemetit éclaircis et la science géologique de l'auteur ne le cède en rien à ses autres connaissances : sociologie, histoire de l'art, etc... Le lecteur, noyé dans cette masse, parvient tout juste à glaner de-ci de-là quelques curieuses anecdotes historiques ou de très utiles leçons de géologie.

Quant à l'alpiniste, il ne peut accorder qu'un crédit très limité aux connaissances alpines de Ferdinand Lane. Nous découvrons que la première ascension du Mont Blanc fut faite par un cordonnier de Genève nommé Peter Matrel (pour Martel). Le docteur Parccard, lui, ne parvint qu'à 100 mètres du sommet et Balmat réussit seul la seconde ascension.

A plusieurs reprises, l'auteur note que Gacherbrum I et Hiddenpeak sont un seul et même sommet, mais dans son énumération des plus de 8.000, il oublie de mentionner le Gacherbrum Il (3.035 rn).

Parfois, le texte de l'auteur atteint un comique involontaire. Sous le titre "Ceux qui l'échappent belle", il cite l'exemple d'un jeune alpiniste anglais de 19 ans qui, emprisonné durant trois jours dans un précipice, passait son temps à lire un roman de J. K. Chesterton, puis arrachait chaque page après l'avoir lue pour s'en réchauffer la poitrine. Délivré dc son trou, profond de 300 mètres, par ttne équipe de sauveteurs, celui ci fit à pied 3 kilomètres pour rejoindre son hôtel. N'oublions pas d'ajouter qu'en chemin, ce garçon acheta des cartes postales pour ne pas oublier cet endroit...

Ailleurs encore, sur le Ruwenzoni, une paroi verticale haute de 2 mètres stoppe la progression de l'Expédition du Duc des Abruzzes. Ls alpinistes ne se laissent pas impressionner pour si peu et se hissant les uns sur les autres, parviennent à la franchir... Nous voyons encore que "les plateaux les plus mystérieux sont ceux qui s'étendent sous les eaux marines" et que "à de hautes altitudes, le calme lui même est inquiétant", etc.., etc...

Mais parmi ces innombrables erreurs, il est difficile de faire la part de l'auteur ou du traducteur. De cette oeuvre, qui eut pu être passionnante, nous ne rctiendrons que l'intention, le liste reste à faire,

Guido MAGNONE