CRITIQUES DE LIVRES

MONTAGNES DU MONDE 1954

 

 

(Gutenberg, Zurich, et Arthaud, Paris, Grenoble).

(Revue " La Montagne" - No 1, 1955)

 

. La Fondation Suisse pour Explorations Alpines patronne la publication annuelle en 4 langues d'un ouvrage magnifique "Montagnes du Monde", qui se présente comme une revue historique des expéditions en haute montagne et dans les régions polaires. Le volume paru en 1954 est particulièrement consacré aux expéditions de 1953. Ainsi, nous y trouvons des récits originaux des ascensions de l'Everest, du Nanga Parbat et du Nun ; des tentatives américaines au K2, japonaise au Manaslu, et suisse au Dhaulagiri. Une deuxième partie, non moins intéressante, concerne le Ruwenzori et les régions glaciaires arctiques de la Terre de Baffin et du Groenland. L'ouvrage se termine par un chapitre où M. Marcel Kurz rassemble et commente avec sa redoutable érudition, toutes les informations chronologiques et techniques recueillies sur les expéditions himalayennes de la période 1951-1952. Le livre est illustré de photographies hors de pair qui contribuent à sa haute tenue.

Complété par les récits des expéditions andines de 1953 (Munichois, Ghiglione) et par quelques cartes supplémentaires, il constituerait une somme parfaite de l'activité alpine mondiale. Lui reprocherons-nous de paraître un peu tard ? Il est certain que, venant plusieurs mois après "Victoire sur l'Everest", "Nanga-Parbat", "K2 Montagne sans pitié" et "Une montagne nommée Nun-Kun" par exemple, l'ouvrage Suisse abandonne délibérément toute prétention d'actualité. Et lorsque M. Kurz remet à plus tard ses commentaires sur les expéditions suisses de 1952 à I'Everest, faute d'avoir le "recul nécessaire" le lecteur est d'abord enclin au sourire.

A la réflexion, cette prudence helvétique a du bon. Les récits écrits presque dans le feu de l'action pour des besoins autant publicitaires qu'historiques sont sujets à caution. Avec le temps, la contradiction se fait jour. Le souci de vérité exige ce recul que s'impose "Montagnes du Monde", et après les premiers feux de l'actualité, c'est l'exégèse des grands critiques à la 500e qui consacre les bonnes pièces.

Jacques Tessier du Cros