CRITIQUES DE LIVRES

THE MOUNTAIN WORLD 1960-61

 

 

Fondation Suisse pour Exploration Alpines G. Allen et Unwin, London

(Revue " La Montagne et Alpinisme" - No 36, 1962)

Tout a été dit sur la perfection de l'édition et la beauté des documents photographiques de cette publication. Dans le dernier ouvrage paru, on atteint à un maximum insurpassable à notre avis. Bradford Washburn a même réussi à nous donner un aspect nouveau du Cervin.

Mais l'intérét de cette dernière publication réside surtout dans l'étendue et la variété des sujets traités, qui vont d'une excellente biographie de G. W. Young, due à Arnold Lunn, à la description des montagnes de l'Antarctique qui nous sont révélées vraiment pour la première fois.

Les Alpes sont à peu près absentes. Pourtant, sans elles, le monde des montagnes est incomplet, et elles ont été récemment le théâtre d'exploits sportifs dont on peut critiquer les mobiles, mais dont l'importance humaine mériterait une mention, sinon une étude complète. Ce sont en effet le plus souvent les mérites alpinistes que l'on trouve en Europe dans le VI et l'A3 et dans les "ice flutes " des Andes et de l'Himalaya.

On ne peut manquer d'être frappé de l'intense exploitation sportive dont les sommets "secondaires " de l'Himalaya sont l'objet. La cote 8000 ne signifie plus rien, et les nations anglosaxonnes calculant les altitudes en pieds ne s'embarrassent pas de ce critère. Et les Britanniques sont en train de reprendre leur place dans la meilleure tradition où l'exploration, la recherche de la meilleure voie et la lutte contre les difficultés se combinent harmonieusement. Ainsi était l'alpinisme dans les Alpes au temps de Whymper.

Et ceci coïncide avec un retour des Anglais aux rôles de vedettes dans les Alpes mêmes. Mais le tribut payé est lourd, et les tragédies s'accumulent. D'émouvants récits en témoignent ici.

Cette prédominance des expéditions anglaises, américaines et germano autrichiennes explique sans doute que deux éditions, en anglais et en allemand seulement, soient prévues. Pourtant, la tentative française au Jannu aurait mérité de figurer ici, car elle marque une étape dans les méthodes employées et les difficultés franchies à l'Himalaya.

Souhaitons qu'avant la parution du volume suivant, des expéditions nombreuses et un grand succès nous valent la faveur d'une édition française, comme autrefois. Ami Marcel Kurz, ne nous oubliez pas !

Alain ne Chatellus.