CRITIQUES DE LIVRES

MOURIR A CHAMONIX

par Yves BALLU

(Glénat 2006)

 

Yves Ballu est passionné par la montagne et son histoire. Il a donc écrit de nombreux livres érudits, remarquablement documentés - et passionnants ("Les Alpinistes", "Naufrage au Mont Blanc", "Le Mont Blanc", et d'autres), mais c'est la première fois qu'il nous offre un roman, policier de surcroit.

L'histoire se passe à Chamonix, à la fin des années 60. Les protagonistes sont imaginaires, mais fortement inspirés de personnages réels. Certains se reconnaissent facilement, d'ailleurs.


Au milieu de la nuit, un passant est renversé par une voiture, conduite par un homme saôul accompagné d'un guide. La voiture s'enfuit. Le blessé meurt. Quelques jours plus tard, une cordée composée d'un guide et d'un fort grimpeur s'attaque à la Face Sud de l'Aiguille du Midi, encore invaincue. Du haut de l'Aiguille, un mystérieux photographe leur jette des pierres : le guide est blessé et devient amnésique, et son compagnon tombe dans une crevasse, où son corps n'est jamais retrouvé.

Quelques années plus tard, arrive à Chamonix un jeune homme, fort beau, très cultivé, et grand amateur de musique classique. Il enquête sur la mort de l'alpiniste de l'Aiguille du Midi, ce qui rend quelques individus très nerveux... Une charmante (et jeune !) journaliste s'intéresse également à cette histoire... Ses amis, qui font partie de cette faune anglophone de grimpeurs iconoclastes et très doués, sont engagés dans une lutte sans merci avec les guides de la vallée pour conquérir la Face Ouest des Drus, où Guido Magnone et ses amis n'étaient pas encore passés.

Le livre est épais (478 pages). La présentation est originale : des chapitres très courts, des instantanés dont chacun révèle un angle de l'histoire : dialogues, lettres, récits... Le style est vif (peut-être certains passages reproduisant un enregistrement sur cassette sont-ils un peu longs ?) : le livre se lit d'une traite.

J'ai passé un excellent moment à lire ce récit, et j'espère que l'auteur nous en proposera d'autres !

Les auteurs qui ont cherché à parler de la montagne ont souvent beaucoup de mal à raconter autre chose que des récits de passages plus ou moins acrobatiques. Les alpinistes anglais du XIXème siècle découvraient des paysages et des sensations nouvelles, et on leur pardonne de nous les avoir décrit en détails, d'autant qu'ils savaient nous faire partager leur plaisir. Mais décrire maintenant une voie connue fait un peu réchauffé. J'ai souvent été très déçu des romans (policiers ou autres) : soit la montagne n'est qu'un cadre, soit elle est décrite par un auteur qui n'en a qu'une connaissance superficielle, et les récits ne sont pas vraisemblables. Les oeuvres de fiction dont la montagne est l'un des personnages principaux sont rares, ce qui donne d'autant plus de valeur à ce livre.


Daniel MASSE.

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