CRITIQUES DE LIVRES

GUIDE DES ALPES BERNOISES
sélection d'itinéraires
par Maurice BRANDT
( Ed. Club Alpin Suisse. 1982 )

L'OBERLAND BERNOIS
les 100 plus belles courses et randonnées
par Hans GROSSEN

( Ed. Denoël. Col. Les 100 plus belles courses, Paris. 1982)
(Revue " La Montagne et Alpinisme " - No 1, 1983)

L'Oberland Bernois est le troisième massif de toutes les Alpes par l'altitude et l'englacement et peut-être le plus complet par sa diversité. Or, jusqu'à présent, l'alpiniste de langue française ne disposait pas de documentation sur ce massif, hormis les « Ascensions en Oberland » publiées naguère dans les Annales du G.H.M. mais ne concernant que certains secteurs et actuellement en partie périmées, également quelques notes techniques ou récits de courses épars dans la littérature


Le massif était entièrement décrit, en allemand, dans cinq guides du C.A.S. et un guide du C.A.A. Berne qui sont en cours de réédition après refonte complète. C'est cette nouvelle édition, parfois sous forme de textes non encore publiés, que Maurice Brandt a utilisée, avec la rigueur et la précision qui lui sont coutumières, pour sélectionner et décrire (en français; cette fois !) 380 itinéraires. Ceux­ci permettent d'acquérir une connaissance approfondie de l'ensemble du massif, du col de Sanetch au Grimselpass : ils font « la synthèse de ce qu'offre l'Oberland Bernois à un alpiniste de bon à très bon niveau ».

Cette sélection qui devrait satisfaire de très nombreux alpinistes appelle peu de remarques. Aucun sommet important n'a été laissé de côté et chacun d'eux a au moins deux itinéraires décrits, dont la voie normale, permettant ainsi la traversée. Tous les refuges ou assimilés ont été retenus comme point de départ d'au moins deux courses : il serait possible, en enchaînant les itinéraires de traverser entièrement le massif en plusieurs sens sans redescendre dans les vallées

D'aucuns pourront cependant regretter que ne figurent pas dans ce guide certaines ascensions exceptionnelles telles que les faces nord de I'Eiger, du Grosshorn, du Nesthorn... ; mais ces courses n'intéressent qu'un petit nombre d'alpinistes de très haut niveau qui, de toute façon, ainsi que l'écrivait Marcel Kurz, « n'ont pas besoin de conseils » pour s'engager dans de telles entreprises. Les tracés de ces voies d'exception figurent néanmoins sur les croquis, mais sans numéro de référence.

Le Guide des Alpes Bernoises s'inscrit dans la stricte tradition des guides édités par le Club Alpin Suisse : I'édition, sur papier bible, est parfaite. II ne devrait pas quitter le sac de l'alpiniste parcourant l'Oberland. Son poids (220 g) le fera oublier jusqu'au moment où il s'avérera utile, voire indispensable.

L'Oberland Bernois de Hans Grossen est d'un tout autre style. Son format en fait un ouvrage de bibliothèque.

La formule Les 100 plus belles courses a déjà fait I'objet de nombreux commentaires à l'occasion de la parution de la dizaine de volumes précédant celui-ci dans la même collection et il paraît inutile d'en débattre à nouveau.

Des falaises d'escalade du Haslital à l'Eigerwand ces « 100 courses » (pratiquement quelque 210 itinéraires), se répartissent sur la totalité de l'Oberland, et même au-delà puisque certaines se situent dans les Préalpes Vaudoises (tours d'Aï) ; d'autres étant généralement classées dans les Alpes Uranaises (Sustenhorn, Tellistock...).

Ici encore il s'agit d'un choix subjectif, car il serait bien difficile de définir les critères de la belle course, et la sélection de l'auteur pourra être contestée. Notons cependant qu'il n'y manque ni les grandes classiques, ni les plus célèbres faces nord :les amateurs de ED n'auront à leur tour qu'à faire, parmi elles, leur super choix. Personnellement, nous aurions volontiers complété cette sélection par quelques courses autour de la Lauteraarhütte sur le beau granite de l'Aar : traversées très classiques du Hienderstock et du Bächlistock par exemple ; également une ou deux voies du Ochs (son arête nord ?) ; et surtout I'éperon est méridional du Finsteraarhorn, intéressante option pour ceux qui hésitent à s'engager dans la grande entreprise de l'éperon nord­est.

Suivant le schéma habituel de cette collection, chaque course, outre la description de l'itinéraire, est accompagnée de commentaires généraux, tantôt techniques, tantôt historiques ou anecdotiques, toujours intéressants, et d'une abondante illustration : cartes, croquis et photos. Celles-ci, presque toujours en couleurs et parfois très belles, rendent bien compte de l'atmosphère typique du massif, si contrasté entre ses immenses glaciers et ses sauvages murailles.

Une remarque pour finir, concernant les noms de lieux et sommets. Maurice Brandt, dans son guide, utilise les formes dialectales officialisées par la Carte Nationale Suisse, assurant ainsi la concordance entre celle-ci et son texte. Ce n'est pas le cas pour les 100 plus belles courses où les formes antérieures sont conservées.

En conclusion, voici dans des genres très différents deux bons livres, l'un pour l'action, l'autre pour le rêve, qui devraient faciliter à nos compatriotes - entre autres - l'approche et la découverte d'un grand massif particulièrement attachant.


Daniel DUCHESNE.

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