Un livre bien difficile à écrire pour un guide de haute montagne, amateur de cristaux de surcroît, surtout à un moment ou les cristalliers font l'objet d'une attention particulière de la part des autorités judiciaires.

C'est un plaidoyer difficile dans lequel l'auteur, partagé entre son amour de la montagne, qui transparaît à chacune de ses pages, et sa passion pour les cristaux, essaie de nous convaincre qu'il n'y a pas que de "mauvais cristalliers".

Roger Canac reconnaît cependant que l'on assiste aujourd'hui à une exploration systématique de la montagne "qui tient du pillage", que tout le monde est conscient que le "Code des Cristalliers" ne protège rien. II reconnaît aussi que dans le monde actuel corrompu par l'argent des manoeuvres douteuses secouent parfois le monde des cristalliers et que "le mal est contagieux". II est possible, comme le pense l'auteur, que le site de Chamonix soit déjà assassiné. Est ce une raison pour laisser faire sans réagir les pilleurs de cristaux ? 700 kg arrachés par exemple à la paroi des Grandes Jorasses, cela fait quand même beaucoup !

A côté de ces considérations, et du strict point de vue technique ce livre intéressera les amateurs de cristaux. Les informations sont abondantes sur les mines des Alpes ainsi que sur celles du reste du monde.

Le lecteur aidé par de belles photos, se familiarisera avec les cristaux, leur diversité et leur formation. Des annexes sur l'architecture cristalline et le lexique abrégé des cristaux lui permettront de compléter sa documentation.

Le récit est émaillé de données scientifiques telles par exemple, que l'influence de la température sur la nature du cristal ou le rôle des phénomènes géologiques dans la naissance des "paragénèses" (1).

Cette description schématique des paysages des Alpes sera-t-elle facilement compréhensible par le profane ? Les diverses phases du plissement alpin atteignent une telle complexité que, sans schémas simplifiés, elles confinent au rébus.

En résumé un ouvrage passionné sur les cristaux et aussi la montagne.

Mais un ouvrage un peu trop encyclopédique pour ne pas être exempt de critiques. Celle en particulier du mélange des observations personnelles et des remarques scientifiques qui restent trop fragmentaires et manquent de rigueur.

Jean GARNIER.