Le numéro 2 de Passage a grossi
: une cinquantaine de pages pour prouver aux sceptiques et aux détracteurs
que le comité n'est pas découragé par leurs critiques.
Pour ceux qui s'interrogent, un nouvel éditorial précise
que la revue s'adresse "A ceux qui veulent parler et entendre
parler de choses nouvelles". Ceux qui, "comme littérature
de montagne ne supportent que les topos guides" sont priés
de "laisser parler sans jeter d'anathème". Quant
à ceux qui ne s'interrogent pas du tout, une mise en garde aux
allures prophétiques annonce que si les alpinistes "n'assument"
pas l'alpinisme, d'autres s'en chargeront pour eux et "gare
alors aux retours de course"...
Ce souci de faire nouveau, d'ailleurs confirmé par l'ensemble
des textes, situe d'emblée la revue à l'avant-garde d'une
littérature alpine en voie de reconversion (certains parlent
de décadence). De l'avantgarde à l'anti-conformisme et
de l'anti-conformisme à la contestation les nuances sont parfois
subtiles et, en dépit des prudentes dénégations
de l'éditorialiste, on sent déjà percer une "pensée
des cahiers". Le contraire eût été dommage
et étonnant car si "les auteurs développent librement
une opinion qui n'engage qu'eux mêmes", ils sont eux-mêmes
engagés par un comité qui ne sélectionne pas les
textes tout à fait au hasard : c'est toute la différence
entre une revue et une tribune libre.
