Un beau livre. Un livre agréable. Un guide utile. J.-L. Laroche et F. Lelong ont choisi le bon cré­neau : ils se sont démarqués du cocktail devenu académique des "cent plus belles" de tous niveaux, pour présenter un choix de (seulement ?) 57 courses dans les niveaux inférieurs de la gamme des difficultés, ceux où stationnent avec bonheur la grande majorité des alpinistes. De facile à difficile rien qui puisse faire jouer les trompettes de la renommée. Pourtant c'est un vrai livre de chevet pour tous les amateurs du massif du Mont-Blanc. Les photos sont superbes. Sur des itinéraires archi connus, rendus inoubliables grâce au talent des Tairraz, J.-L. Laroche et F. Lelong ont réussi des plans originaux avec des éclairages judicieusement choisis.

Chaque course est décrite selon le plan classique : renseignements pratiques, croquis, photos, texte "culturel" sur la montagne décrite, description détaillée de la montée et de la descente. Au niveau pratique il n'y a rien à redire. Les textes sont clairs et précis. Le ton adopté n'est pas pontifiant mais plutôt familier avec un vocabulaire varié, enrichi de nombreuses expressions du langage familier parfois codé des alpinistes. L'ensemble se lit bien et surtout se regarde avec beaucoup de plaisir. Le choix des courses permet de voir à peu de choses près les plus beaux coins du massif. La progression fait passer de courses courtes et peu engagées comme le Tondu ou le Belvédère, à des courses longues où l'expérience est indispensable.

Les aiguilles Rouges tiennent une bonne place mais on a plaisir à voir rentrer dans la catégorie des plus belles courses des sommets voués à une sorte d'oubli comme la Lex Blanche par la face nord, la Grande Lui, l'Innominata ou les Miages par la voie Mettrier Bien sûr le rôle principal échoit aux seigneurs du lieu que sont les Monts-Blancs, la Verte, ou les Jorasses dont les itinéraires restent à la portée de beaucoup pour le degré de difficulté mais qui sont de vraies grandes courses, délicates. Espérons que grâce à ce guide la goulotte Gabarrou viendra capter quelques cordées du Migot et que des grimpeurs "modernes" délaisseront un peu les lignes de spits de l'envers des Aiguilles pour jouir des belles envolées de la voie Troussier aux Ciseaux.

Louis VOLLE.