CRITIQUES DE LIVRES

REINHOLD MESSNER,
PREMIER VAINQUEUR DES QUATORZE HUIT MILLE

par Reinhold MESSNER

( Ed. Denoël, Paris. 1987 )

(Revue " Montagne et Alpinisme" N°1 - 1988)

Quel titre pour ce coup de chapeau à une performance unique ! Ce livre est le compte rendu de la réussite d'un formidable pari. Au moment où il a été tenu, il restait une grande partie du chemin encore à parcourir pour gravir les quatorze montagnes les plus hautes de la terre dépassant l'altitude magique - lorsque l'on se trouve de ce coté-ci du « Channel » - des huit mille mètres. Messner indique 1982... disons qu'il l'avait pensé tellement fort auparavant que certains sont persuadés de l'avoir entendu dès 1978.


Un exploit achevé le 16 octobre 1986 par l'ascension du Lhotse (8511 m) qui vient parfaire une carrière prestigieuse - son premier "huit mille" a été le Nanga Parbat le 20 juin 1970. Un exploit qui vient aussi au bon moment car, quelques mois plus tard, une génération nouvelle, un autre grimpeur d'exception viendra déjà proposer une trace encore plus audacieuse, une performance encore plus exigeante. D'où un livre que l'on pourra trouver un peu rapidement préparé et édité mais un livre document qui pourra se regarder, se consulter mais aussi se lire... car c'est un ouvrage à plusieurs entrées.

Le Nanga Parbat de 1978 en solitaire, sur l'Everest sans oxygène avec un compagnon en 1978, en solitaire en 1980 jusqu'à la traversée des Gasherbrum I et II en 1984... On se rendra compte qu'à ce niveau de performance, l'himalayisme est une activité coûteuse en vies humaines et que la mort a souvent accompagné Messner au-dessus de huit mille mètres. Une remarque tout de même: comment un grimpeur aussi exigeant avec les autres, ses compagnons de montagne, comment un homme aussi averti des performances d'autrui, ces mêmes compagnons de montagne, peut-il aussi facilement réduire dans ses propos, la formidable poussée des grimpeurs polonais, tchécoslovaques et yougoslaves des années 80 et, en particulier, celle encore plus forte que les autres de Jerzy Kukuczka qui est lui aussi un jeune et ultime espoir du grand alpinisme traditionnel». Mais qui a bien pu choisir la première de couverture de cet ouvrage? Ce livre ne mérite pas un pareil outrage...


Claude DECK.

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