CRITIQUES DE LIVRES

LES ALPES VALAISANNES

les cent plus belles courses

par Michel VAUCHER.

(Ed. Denoël, Paris. 1979)

(Revue " La Montagne et Alpinisme" - No 120, 1980)

 

La moitié des quelque quatre-vingt cinq "4 000" des Alpes sont dans les Pennines et cette plus haute partie de la grande chaîne, au rocher pas toujours sûr, se prête mieux au grand alpinisme qu'à l'escalade pure.

Deux idées ont donc conduit Michel Vaucher, éminent connaisseur de la région, dans son "choix difficile" des 100 plus belles courses des Alpes Valaisannes. II exprime ainsi la première qui est toute une philosophie : "A l'hypersophistication des moyens artificiels, aux méthodes d'entraînement pour parvenir à se soulever douze fois pendu à un doigt, un minimum de trois modèles de chaussures différents pour forcer un passage, je préfère une montagne plus simple, même un peu rustique. L'alpinisme traditionnel comme le pratiquait Burgener ou Franz Lochrnatter me paraît autrement avantageux que cette difficile gymnastique de haut niveau".

 

 

Deuxième idée : "...ne pas recommander des entreprises par trop aléatoires". C'est là un choix parfaitement justifié, les amateurs qualifiés n'en restant pas moins libres de tenter la chance à la face sud du Taeschhorn, aux faces ouest ou nord-est du Weisshorn..., éliminées entre autres de la sélection pour cause de risque.

Les courses sont présentées suivant une gradation des difficultés rencontrées, l'engagement physique et moral intervenant davantage dans leur appréciation que la technicité pure de certains passages.

La "Haute Route estivale" est une introduction à la connaissance du massif. La face nord-est de la Dent Blanche et le "Nez de Zmutt" au Cervin en sont le bouquet final. Entre ces deux extrêmes, un lot d'ascensions magnifiques : toutes les arêtes des grands "4 000", de très belles faces glaciaires ou mixtes, mais aassi quelques sommets moins célèbres des parties ouest et est du Valais.

Chaque course est l'objet d'un commentaire anecdotique, de renseignements généraux, d'une description de l'itinéraire y compris la descente et d'une illustration abondante et bien adaptée (au total 347 photos noir et couleur, 104 croquis ou cartes).

L'édition a été particulièrement soignée. 0n ne trouve pas ici de ces photographies publiées à l'envers qui déparent tant de livres de montagne. Les photos en noir et blanc, souvent d'une extrême finesse, ont été traitées dans une subtile gamme de gris qui rend bien l'ambiance haute montagne.

0n ne relève que de très rares coquilles ou inexactitudes : le Weissmies n'est pas dans les Mischabels (p. 31) ; "le Zinal de Rothorn" est une amusante inversion (p. 35) ; la Dent Blanche (p. 212) n'est pas vue de la cabane du Grand Mountet mais probablement en montant à l'Ober Gabelhorn ; sur le croquis (p. 232) le tracé de l'itinéraire d'accès à l'arête sud-est de l'Ober Gabelhorn doit être reporté environ 2,5 cm plus bas : il est sensiblement direct entre le bivouac d'Arben et l'Obergabeljoch.

En conclusion, il s'agit d'un bel ouvrage fortement documenté qui incitera sans doute quelques-uns de nos compatriotes à aller rechercher dans ce massif très attachant les traces de l'alpinisme de l'Age d'Or.

Jean Marie PRUVOST.

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