Décidément, Christine de Colombel occupe une place à part dans la littérature montagnarde. Au milieu d'un concert de sonorités mâles, son timbre plus flûté est la voix féminine. La place des femmes dans l'alpinisme, c'est son affaire, sa vocation, son créneau. Elle s'y incarne, elle s'identifie et, bien entendu, elle y participe.

Cette fois-ci, l'aventure se passe sur les flancs du K 2 que tente de gravir, sans succès d'ailleurs, une expédition strictement féminine. Le livre, illustré par un bon reportage photogra­phique de David Belden (oui ! il y avait un homme parmi les jupons de l'Alpe), expose tour à tour une narration "objective" de l'expédition puis livre le point de vue personnel de la narratrice et enfin dresse un intéressant bilan des tentatives féminines dans l'Himalaya et le Karakorum. "Objectivité", car Mme de Colombel, auteur engagé, ne fait pas de quartier. Se présentant comme le "Butterfly français" de l'expédition, elle brandit un dard qui serait plutôt celui de la guëpe, appelant un chat un chat et telle alpiniste française une lâcheuse, pardon ! une personne qui "a recours au chantage". Bref, ces femmes entre elles ne sont pas tendres. Pour le plus grand amusement des lecteurs, qui découvrent enfin dans ce livre non plus les habituels héros ou héroïnes désincarnées, mais des êtres de chair et de sang, avec leurs passions... et aussi leurs ressentiments.

Pierre MINVIELLE .